JENNIFER MATAS Le 20/06 à 06:47
Ouvertes 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ces supérettes automatisées se multiplient en France. Deux entreprises françaises, Boxy et Ximiti, ont choisi deux modes de développement et de financement différents : l’une en levant des fonds, l’autre en licence de marque.
Les magasins autonomes se multiplient. Fin novembre 2021, Carrefour a inauguré son premier magasin automatique à Paris, dans la lignée des BlackBox de Monoprix, lancées depuis octobre 2020. Tandis que deux entreprises françaises, Boxy et Ximiti, déploient leurs supérettes un peu partout en France dans des containers, avec quelques centaines de références allant du snacking aux produits d’épicerie. Tout est géré par des robots, sans présence humaine. Une automatisation qui permet une amplitude horaire imbattable, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, y compris les jours fériés.
Entre ces deux concepts, peu de différences. Chez Ximiti, le client fait son choix depuis l’extérieur du magasin (sur borne tactile ou via une appli), comme si ce dernier était un distributeur automatique géant. Chez Boxy, le client entre, prend les produits qui sont identifiés par reconnaissance d’images et paye ses achats via une appli. Deux concepts légèrement différents, donc, mais qui reposent sur une promesse similaire : faire ses courses rapidement et n’importe quand.
Atteindre les 1.000 magasins d’ici 2025
Boxy et Ximiti sont engagés dans une course à l’ouverture. Jusqu’à présent, Boxy et Ximiti disposent d’un nombre équivalent de ces magasins autonomes : un peu moins d’une trentaine chacun. Et leur ambition affichée est identique : croître le plus vite possible pour atteindre les 1.000 points de vente. « Cette année, nous devrions passer de 28 à 45 magasins et je ne m’arrêterai pas avant d’avoir atteint les 1.000 unités », assure Lionel Hirsch, président de Neovendis, la société basée à Aubagne qui développe les magasins Ximiti.
Son concurrent Boxy (ex-Storelift), basée en Ile-de-France, entend passer de 28 à 60 magasins cette année, puis accélérer pour 1.000 points de vente en 2025. « Nous avons construit nos magasins comme des machines, explique David Gabai, cofondateur et directeur des opérations de Boxy. Nous sécurisons notre supply chain à échelle industrielle et quand ce sera fait, nous serons capables de livrer nos magasins comme on livre des voitures. il existe des dizaines de milliers d’opportunités d’implantation en France et en Europe. »
Zones rurales vs. centres-villes
Pour atteindre cette taille critique d’un millier de magasins autonomes, Ximiti et Boxy misent sur des stratégies de développement distinctes. « Nous avons commencé par ouvrir uniquement en Ile-de-France, et attaquerons d’autres régions dès l’année prochaine, en commençant par les Hauts de France et Auvergne-Rhône-Alpes », explique David Gabai (Boxy). Les emplacements ciblés sont les petites villes et les zones rurales. « A partir de 1.500 habitants, dans les zones périurbaines – deuxième couronne de grande ville et au-delà – et les zones rurales, confirme le dirigeant. Nous ne voulons surtout pas aller en ville, où l’offre est déjà sur-représentée. Au contraire, nous visons les villages, les bassins de populations mal adressés voire pas du tout, et jusqu’aux villes moyennes de 50.000 habitants. »
Côté Ximiti, on fonctionne plus à l’opportunité. Quatre magasins seront bientôt ouverts à la Rochelle, deux autres à Montpellier, d’autres à Paris, Perpignan, Cannes, Tours ou encore en périphérie de Lyon et de Grenoble. « Nous avons testé des implantations en zone très rurale, et cela ne marche pas. Du moins, pas suffisamment pour arriver à l’équilibre. Maintenant, nous privilégions les zones urbaines – centre-ville à partir de 6.000 ou 7.000 habitants – et les lieux très fréquentés, comme à Clermont-Ferrand où nous avons ouvert à côté de l’hôpital par exemple », détaille Lionel Hirsch.
Levées de fonds vs. franchise
Si la stratégie de développement varie, cela s’explique en grande partie par la stratégie de financement choisie par l’une et l’autre pour grandir. Côté Boxy, on privilégie la levée de fonds. Après un tour d’amorçage de 5 millions d’euros en 2020 auprès des fonds d’investissement CapHorn et LocalGlobe, la société a levé 25 millions supplémentaires début 2022 auprès de ses investisseurs historiques et de Serena Capital.
Côté Ximiti, c’est la franchise – ou plutôt la licence de marque, un contrat voisin de la franchise – qui l’emporte. Après avoir testé le concept en propre, Neovendis a basculé tous ses magasins en licence de marque et compte aujourd’hui 23 licenciés. Un mode de développement qui permet à l’entreprise de ne pas assumer les 150.000 à 200.000 euros d’investissement que nécessite l’ouverture d’une seule unité et de s’autofinancer… pour l’instant. En échange de la mise à disposition du concept, Ximiti empoche un droit d’entrée de 10.000 euros et 3 % de redevances sur le chiffre d’affaires réalisé. « Je n’exclus pas l’idée de faire entrer un jour un nouveau partenaire pour grandir encore plus vite », confie toutefois Lionel Hirsch, qui vise déjà un développement européen… Tout comme Boxy.